Née à Paris en 1890 dans une famille bourgeoise, Léa Lafugie s’impose comme une artiste peintre singulière, marquée par un esprit d’exploration rare pour une femme de son époque. Très tôt, elle hérite de la sensibilité artistique de son grand-père, dessinateur au Ministère de la Marine, dont elle suivra les conseils avec passion. Formée à l’École des Arts Décoratifs puis aux Beaux-Arts de Paris, elle peint de nombreux nus et portraits féminins, s’inspirant du style de Suzanne Valadon et celui de Louis Icart.
Animée par une curiosité insatiable, elle entreprend en 1924 un premier voyage en Afrique du Nord. Cette escapade de trois mois ne fait qu’aiguiser son goût pour le voyage. En mars 1925, elle entame alors une série de grands voyages en Asie : Chine, Inde, Tibet, Japon, et péninsule indochinoise deviennent le théâtre de ses découvertes et de sa création artistique. Grâce à ses talents de portraitiste, elle gagne la confiance des élites locales en leur offrant leurs effigies. Sa culture étendue et sa personnalité exceptionnelle lui ouvrent les portes de nombreux cercles diplomatiques et royaux : elle croise la route et peint les portraits de figures historiques telles que Mahatma Gandhi, l’empereur Hiro Hito et l’impératrice Kojun. En 1932, elle épouse André Decamps, qu’elle rencontre en Birmanie, et s’installe avec lui en Thaïlande. Cette union lui permet de poursuivre ses explorations en Asie du Sud-Est pendant près d’une décennie.
De retour en France, elle partage ses expériences non seulement à travers des expositions et des conférences, mais aussi à travers deux ouvrages consacrés à ses expéditions tibétaines qu’elle illustre avec des dessins, des reproductions de peintures et des photographies. Elle laisse derrière elle une œuvre abondante, dont de nombreuses toiles offertes en Asie, et ramène en France une collection exceptionnelle de portraits féminins pris sur le vif, témoignages vibrants de ses rencontres et de son regard sensible sur le monde.
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Born in Paris in 1890 into a bourgeois family, Léa Lafugie established herself as a unique painter, marked by a rare spirit of exploration for a woman of her time. Early on, she inherited the artistic sensitivity of her grandfather, an artist at the Ministry of the Navy, whose guidance she followed with great passion. Trained at the School of Decorative Arts and later at the Beaux-Arts in Paris, she painted numerous nudes and female portraits, drawing inspiration from the styles of Suzanne Valadon and Louis Icart.
Driven by an insatiable curiosity, she embarked on her first trip to North Africa in 1924. This three-month journey only heightened her taste for travel. In March 1925, she began a series of extensive journeys across Asia: China, India, Tibet, Japan, and the Indochinese peninsula became the stage for her discoveries and artistic creations. Thanks to her portrait skills, she gained the trust of local elites by offering them their portraits. Her broad cultural knowledge and exceptional personality opened doors to many diplomatic and royal circles: she crossed paths with and painted portraits of historic figures such as Mahatma Gandhi, Emperor Hirohito, and Empress Kojun. In 1932, she married André Decamps, whom she met in Burma, and settled with him in Thailand. This union allowed her to continue her explorations in Southeast Asia for nearly a decade.
Upon returning to France, she shared her experiences not only through exhibitions and lectures but also through two books dedicated to her Tibetan expeditions, which she illustrated with drawings, reproductions of paintings, and photographs. She left behind a vast body of work, including many paintings gifted in Asia, and brought back to France an exceptional collection of candid female portraits—vivid testimonies of her encounters and her sensitive gaze on the world.