André Sornay est issu d’une famille de commerçants de meubles lyonnais. Son père lui transmet sa passion pour le dessin et reprend l’affaire familiale. Il rentre à l’École des Beaux-Arts de Lyon en 1918 pour se destiner à une carrière d’illustrateur. Le jeune homme suit également des cours d’architecture où il rencontre des architectes comme Louis Piessat. Son professeur influence et pousse ses étudiants vers la modernité, en leur transmettant le goût des œuvres aux formes simples et architecturées et les intérieurs équilibrés. Dès l’âge de 20 ans, il décide de changer la spécialisation de l’entreprise familiale, un négoce de tissus et de meubles à la production de meubles d’époque, pour élaborer un mobilier aux lignes modernes et épurées.

Sornay présente pour la première fois son mobilier au Salon de l’ameublement de la Foire de Lyon. La réception est élogieuse. Il choisit donc de se tenir au parti-pris architectural en recherchant l’épuration et la sobriété des lignes.

Il expose au Salon d’automne de Lyon de 1923 une chambre à coucher en sycomore qualifiée de « tombeau » et « d’inspiration soviétique » à cause de sa rectitude et de sa blancheur. Cependant, elle attire l’attention de Tony Garnier, un architecte et urbaniste de renom. De 1927 à 1929, le meublier collabore avec Louis Thomas pour les Salons d’automne. Il ouvre son usine à Villeurbanne en 1925 où une dizaine de menuisiers et d’ébénistes réalise sa riche production. Cette même année, il expose à l’Exposition internationale des arts décoratifs de Paris, dans le pavillon de Garnier.

Après le crack boursier, l’entreprise connait une période transitoire jusqu’en 1932 qui oblige Sornay à élaborer un nouveau système d’assemblage qui devient rapidement sa marque de fabrique. Ce système permet de diminuer le coût de sa production. Le meublier pose son brevet d’un « système de panneau de meubles et son mode d’assemblage », qu’il nomme des rivets d’avion, le 10 août 1932. Celui-ci consiste à employer des minces panneaux de contreplaqué revêtus d’essences de bois, assemblés sur un cadre massif par des pointes de métal. Il dépose un second brevet en Allemagne en 1935 pour sa technique de cloutage esthétique. Il délaisse l’ébène de Macassar pour le pin d’Oregon, peu utilisé au XXe siècle.

En 1937, André Sornay est choisi pour représenter la ville de Lyon à l’Exposition internationale des arts et techniques dans la vie moderne à Paris. Il y est récompensé d’une médaille de bronze pour un bureau personnel.

Ses dernières innovations apparaissent dans les années 1950 avec la tigette Sornay qui modifie profondément le montage des meubles. Il s’agit d’un assemblage d’un cadre arrière muni d’inserts filetés destinés à recevoir des tigettes.

La production d’André Sornay, de ses débuts en 1919 jusqu’à la fin des années 60,n’a de cesse de s’éloigner des normes classiques de l’ébénisterie. A travers une approche anticonformiste du métier de meublier, il développe des idées originales, perfectionnées en systèmes rigoureux, mais sans jamais s’y laisser enfermer.

 

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