Anto Carte, de son vrai nom Antoine Carte, naît à Mons en 1886. Il devient apprenti chez le peintre décorateur François Depooter. Le jeune homme de 19 ans commence également à prendre des cours auprès de Bourlard et Motte à l’Académie de Mons. C’est vers cette période qu’il utilise son pseudonyme Anto Carte. De 1908 à 1910, il poursuit sa formation à l’Académie de Bruxelles et effectue en parallèle des travaux de décoration. L’étudiant se familiarise avec de nombreuses techniques (modelage, céramique, taille sur bois, tapisserie). Il réalise ses premiers décors et costumes de théâtre. Il obtient une bourse pour se rendre à Paris et séjourne chez Cavaillé-Coll et Bakst qui travaillent pour les Ballets russes. Il y découvre notamment l’œuvre de Puvis de Chavannes et de Denis. Le jeune artiste étudie également la peinture italienne de la Renaissance au Louvre. Carte fait la rencontre d’Émile Verhaeren qui influence sa vision artistique. Sa carrière débute véritablement en 1917 après le succès de sa première exposition dans la capitale belge.

Il enseigne l’aquarelle pendant trois ans à l’Académie de Mons puis à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles en 1932. Carte y dirige les ateliers d’art décoratif et monumental et y enseigne les techniques du vitrail, de la fresque ou encore de la tapisserie.

Anto Carte  fonde, en 1928, le groupe Nervia, avec Léon Eeckman et Louis Buisseret. Le groupe cherche à valoriser l’art wallon et souhaite se différencier de l’expressionnisme. L’art de Nervia possède une essence latine, elle est lyrique et intimiste. Les artistes refusent l’avant-garde et tirent leurs sujets de la vie quotidienne et des thèmes traditionnels traités avec idéalisme et harmonie. De ce fait, le peintre s’inspire des thèmes de la Renaissance, il puise dans l’Évangile et dans son environnement.

Carte est un peintre à la fois expressionniste, symboliste et proche du naturalisme. Son style est élégant et net, les détails de ses personnages, de ses natures mortes et de ses paysages sont minutieux. La composition de ses œuvres est millimétrée, le dessin prédomine sur la couleur. La figure humaine est essentielle dans son œuvre. Le début de sa carrière, influencé par le symbolisme, est marquée par la présence des personnages mythologiques et idéaux. C’est à partir des années 1920 que ses personnages « à la Brueghel » sont ancrés dans le réel, en particulier les paysans et les ouvriers. Après son voyage à Florence en 1925, ils sont plus festifs (saltimbanques, arlequins).